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Jeanne Fusier-Gir, comédienne
Jeanne Fusier-Gir, cette incroyable petite bonne femme du cinéma français, tourne son cent quatre-vingtième et dernier film, à plus de quatre-vingts ans en 1966.
Elle décède dans une clinique de la région parisienne le 24 avril 1973. Elle est enterrée dans le cimetière de Grisy les Plâtres, aux côtés de son mari Charles Gir.
Grande comédienne au théâtre et au cinéma, Jeanne Fusier-Gir (1885 - 1973) devint l’épouse de Charles Gir en 1911. Son père Léon Fusier était un comédien réputé et tout naturellement Jeanne en parfaite enfant de la balle, va tenter aussi une carrière sur les planches, elle rentre au cours d’art dramatique de Firmin Gémier (le créateur en 1920 du Théâtre National Populaire). A partir de 1912, aux côtés de Firmin Gémier, elle interprète au théâtre Antoine de nombreux classiques puis devient une des interprètes favorites de Sacha Guitry.
"J’ai connu Guitry quand j’avais seize ans. Il en avait à peine davantage ; il vint au cours d’art dramatique où je travaillais. Tout de suite, je compris qu’il ne venait pas pour apprendre à jouer, mais prospecter pour découvrir de futurs interprètes. Je lui donnais la réplique de Suzanne dans Le Mariage du Figaro, et ce n’est que plusieurs années plus tard qu’il me donna le petit rôle d’une bonne abrutie qui téléphonait au troisième acte de L’Illusioniste. Cette interprétation me lança" !
Jeanne Fusier épouse Charles Gir en 1911, elle ajoute à son nom celui de Gir et devient Jeanne Fusier-Gir. Les conjoints auront deux enfants : Françoise en 1917 et François en 1920. C’est en 1929 que le couple achète une maison à Grisy-les-Plâtres où Charles Gir fit aménager un grand atelier qui existe toujours. Il y travailla jusqu’à la guerre de 1940.
Par nécessité pour son travail d’actrice Jeanne Fusier-Gir est plus souvent à Paris, mais rejoint son mari dès que possible à Grisy. A Paris et en province elle crée au théâtre une grande partie des œuvres de Guitry : Le Mot de Cambronne, N’écoutez pas Mesdames, Tu m’as sauvé la vie, Vive l’empereur, Aux deux colombes, Il y a longtemps que je t’aime. Au cinéma Guitry lui offre des rôles de servante cocasse : Le Destin fabuleux de Désirée Clary, Donne-moi tes yeux, La Malibran, Le Diable boiteux, Toa, Le Trésor de Cantenac, Tu m’as sauvé la vie, Debureau, La Poison... Mais son meilleur souvenir de studio va d’emblée au Diable boiteux : "c’est tellement agréable de tourner avec Sacha, et l’histoire me plaît".
Ainsi la gitane qui lui avait prédit que la lettre "G" aurait une importance dans sa vie, avait raison. Son mari, le peintre sculpteur "Gir", "Firmin Gémier" qui la fait débuter et l’encourage, "Guitry" enfin, passionné, comme elle, pour les arts.
Venue au cinéma en 1928, elle interprétera des seconds rôles de coquette fine et charmante, pleine d’esprit, donnant par sa voix aux accents haut perchés, ses coiffures bizarres, ses mines hilarantes, une dimension inoubliable à ses personnages. En cela, elle va être pendant longtemps la rivale de Pauline Carton, tout au moins dans le domaine comique des films qu’elle tourne.
"Pour gagner sa vie, c’est une grande chance que d’être comique. Je le suis et, finalement, c’est à ce don que je dois ma carrière."
En 35 ans de cinéma Jeanne Fusier-Gir, aura tourné avec beaucoup de metteurs en scène : Max Ophüls, Christian-Jaque, Julien Duvivier, Maurice Tourneur, Henri-Georges Clouzot, Jacques Becker, Henri Verneuil, André Hunebelle, Gilles Grangier, Raymond Rouleau, Jean Boyer, Marcel Carné, Jean-Paul Le Chanois et d’autres.
Dans les années 50, tout le monde connaissait Jeanne Fusier-Gir ; dans la rue les gens s’amusaient de la voir ; ils venaient gentiment la saluer et la remercier. Elle raconte d’ailleurs une touchante anecdote : aux obsèques de Mistinguett, la chaisière est venue vers moi et m’a dit : "vous aurez le même enterrement. Oh non, protestai-je, il aura lieu à Grisy-les-Plâtres. Non, madame Fusier-Gir, répondit la chaisière décontenancée, vous ne nous ferez pas cela " !
Infos pratiques
Texte rédigé par Charles Girard à partir de biographies, de filmographies et de ce qu’a écrit son père François Gir, le fils de Jeanne Fusier-Gir.
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